Avons-nous tué l’espoir ?
Québécois, dans notre histoire récente, nous avons eu un grand projet qui aurait pu mobiliser ce que plusieurs générations auraient produit de meilleur; nous avions commencé à nous construire un vrai pays pour pouvoir y vivre et y épanouir notre génie propre, dans une langue que nous avons su conserver, ajoutant ainsi une façon originale d’exprimer l’Amérique et de lutter contre l’uniformisation des cultures.
Mais, aussitôt qu’ils se sont sentis menacés, les pouvoirs de l’argent à qui profitent le statu quo, les intérêts partisans, les institutions politiques qui nous tenaient sous leur domination et les parasites engraissés par l’ancien système, toutes les forces d’inertie se sont liguées pour étouffer ce projet.
Comme système de remplacement à la fierté de nous affirmer et à notre colonne vertébrale morale, on nous impose, à coup de publicité incessante, la religion du multiculturalisme, le bonheur de la consommation, la passion pour l’accumulation de richesse et la noblesse de la réussite matérielle individuelle à n’importe quel prix.
Comment se fait-il que personne parmi nos élites intellectuelles ne s’acharne à dénoncer cette situation qu’ils ne peuvent ignorer ? Encore une fois, ceux qui auraient ce qu’il faut pour guider ce petit peuple courageux le trahissent, par paresse, par lâcheté ou par intérêt personnel. Au lieu de donner le goût de la liberté, on lui apprend à ramper sous prétexte qu’il risque moins de se faire mal en tombant !
C’est comme ça qu’on tue l’espoir et qu’on se retrouve avec une jeunesse privée de mémoire qui décroche, qui se drogue ou qui se tue, En aurons-nous jamais assez ?
Lucien Cimon, administrateur de la SNEQ
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Publiée dans le Courrier du Fleuve et le Saint-Laurent-Portage, le mercredi 24 juillet 2013