La Société nationale de l’Est du Québec (SNEQ) est un organisme à but non lucratif qui a pour objectif de faire la promotion de la langue française, de l’histoire nationale, de la souveraineté du Québec et de la valorisation de l’identité québécoise.
La fierté d’appartenir au peuple Québécois est au cœur de ses actions. Les administrateurs de la SNEQ publieront mensuellement, à compter d’aujourd’hui, un texte d’opinion qui aura pour objectif premier de jeter un éclairage sur un aspect de la vie québécoise qui, selon nous, méritent de plus amples réflexions et peut-être de nouveaux débats. Voici le premier des 12 textes à paraître. Bonne lecture !
Le prix de l’indifférence
Comme organisme voué à la promotion de notre culture, il nous apparaît important de signaler une menace qui pèse sur notre avenir collectif. Ce danger, c’est l’anglomanie galopante dont nous sommes presque tous atteints, qui fait que plusieurs sont prêts à tout sacrifier pour que leurs enfants puissent apprendre l’anglais, dès la maternelle, sans se soucier du fait qu’ils ne savent que baragouiner leur langue maternelle.
S’il est éminemment souhaitable que tout individu apprenne à se débrouiller en anglais, je ne crois pas qu’il serait intelligent d’exiger des Québécois qu’ils défraient les coûts de tout un système parallèle d’éducation pour répondre à des besoins individuels. Il ne l’est pas plus de les faire payer pour imposer des cours d’anglais intensif à des nouveaux arrivants qui ne savent pas le français. Faut-il le rappeler : au Québec, selon nos lois, la seule langue officielle, c’est le français.
On agit souvent comme si notre langue maternelle était un logiciel inerte; c’est pourtant elle qui est le cœur-même de notre identité; c’est elle qui nous donne une voix pour exprimer notre façon originale de vivre l’Amérique. Défendre le français, c’est protéger notre âme individuelle et collective qui charrie une vision du monde différente : celle que nous avons développée au cours des 450 ans de notre aventure sur ce territoire.
«La disparition d’un peuple, c’est un crime contre l’humanité, car c’est la priver d’un élément qui la différencie d’elle-même» (Miron). On oublie que la mort d’un peuple, c’est lent, long et douloureux. Et c’est toujours possible! Voudrions-nous que nos petits enfants aient un jour à mener les combats désespérants que mènent aujourd’hui les peuples autochtones et les minorités françaises de la Louisiane ou celles des autres provinces canadiennes? Voudrions-nous que les Miron, Perrault, Dumont, Beaulieu, Vigneault, Leclerc, Garneau, Nelligan et tous nos grands artistes aient vécu pour rien?
Notre paresse et notre indifférence actuelles risquent de rendre tout ce patrimoine illisible; elles risquent de faire de nos générations de pittoresques mais pitoyables artéfacts d’une histoire avortée.
Lucien Cimon, administrateur de la Société nationale de l’Est du Québec
Pour commenter ou émettre un avis : sneq@globetrotter.net.
Publiée dans le Courrier du Fleuve et le Saint-Laurent-Portage, le mercredi 15 mai 2013