«Bonjour à tous,
Vous me voyez tout ému et surtout gêné par un tel honneur. J’adresse mes remerciements les plus sincères à ceux qui ont pensé à moi en cette occasion même si je me demande bien ce qui me vaut un tel hommage. J’ai essayé de me défiler lorsque Richard Corbin m’a téléphoné pour s’assurer que je sois présent, ici, en ce jour de manifestation patriotique. Devant mon hésitation et mon étonnement, il m’a dit que je n’avais qu’à être là, que tout était décidé et c’était bien correct.
Plus tard les choses se sont gâtées lorsque la nouvelle est sortie dans le journal. En tout cas, j’espère être de la gang de Papineau car les autres patriotes de 1830 Chevalier Delorimier, Sanguinet, Hamelin et Nicolet, eux ont été exécutés par les autorités britanniques le 15 février 1839 et je ne tiens pas à connaître le même sort.
Je ne veux pas passer pour un peureux encore moins pour un lâche mais il y a encore beaucoup à faire pour que soient reconnues les valeurs de la nation québécoise, pour la promotion de la justice et de la démocratie et surtout pour la préservation de notre langue et de notre identité. Même si les Anglais ont la tête dure, malheureusement d’autres qui parlent notre langue ne font pas mieux en faisant la sourde oreille, aux aspirations profondes d’un grand nombre de Québécois. Il est facile de dire que la souveraineté du Québec est une notion du passé, qu’il faut passer à autre chose mais à quoi? Va-t-on encore longtemps se laisser berner par les avantages, qu’on n’a pas encore découverts du fédéralisme et quand ça force on nous promet un renouvellement du fédéralisme… depuis combien d’élections et par combien de politiciens…
Personnellement, l’annonce de cette reconnaissance m’a obligé à me questionner un peu. C’est bien beau que d’autres voient en mon implication dans la communauté une forme d’engagement digne de mention mais qu’en est-il au juste? Mon engagement patriotique, je le dois d’abord et avant tout à mes parents, Thérèse et Lucien, eux-mêmes bien engagés dans leur milieu et qui ont surtout voulu inculquer à leurs enfants ce souci de servir la communauté. Le patriotisme, ce n’est pas seulement un engagement politique mais un souci constant et à tous les niveaux pour le développement et le mieux être des gens qui vivent autour de nous. Je me suis un certain temps investi au niveau syndical, j’ai servi ma communauté paroissiale par le chant à chaque dimanche, à la caisse populaire, à la coop La Bonne entente, j’appuie les producteurs agricoles par ma contribution à la réalisation de l’exposition agricole à chaque année depuis un certain temps, j’aide à la réhabilitation de jeunes aux prises avec des problèmes d’alcoolisme qui vivent des thérapies à L’Arrimage, par le biais de mon implication dans les Chevaliers de Colomb j’apporte ma contribution au soutien des plus démunis de la paroisse et aux besoins de l’église et de la communauté et j’essaie de consacrer un peu de temps et surtout beaucoup d’amour aux membres de ma famille.
Là où je trouve le plus de stimulation, c’est de défendre ma position de francophone devant des anglos qui ne sont même pas capables dire deux mots en français, de toute façon ils ne savent que nous dire no! Et aussi devant mes amis libéraux, hé oui je suis assez ouvert d’esprit pour leur parler et surtout pour les écouter. Cependant ce qui me fatigue le plus c’est de subir leur soit disant suprématie, eux peuvent s’afficher alors que tu ne dois jamais laisser voir que tu es souverainiste. Ils iront se faire voir ailleurs, je ne me gêne plus au risque de me faire exécuter.
Je ne dis pas que c’est le prix à payer pour être patriote, mais, en toutes circonstances, il ne faut pas être gêné de démontrer les valeurs qui nous animent que ce soit au plan religieux, linguistique, politique et autres. On se rappelle tous de la devise : Je me souviens. Je suis obligé de constater que pour beaucoup trop de nos concitoyens cela se résume à : Je me souviens de rien. De tous ces rendez-vous manqués, de promesses électorales souvent répétées mais aussi souvent non tenues, de l’échec du lac Meech et de Charlottetown comme des suites aux référendums. Pour eux la vie continue comme si rien ne s’était passé…c’est du pareil au même. Et pourtant.
Par votre présence à ce rassemblement, je suis heureux de constater que l’étincelle est toujours là au cœur de beaucoup de rimouskoises et rimouskois, de Québécoises et Québécois. Que cette flamme patriotique pour la défense de nos droits et de notre langue française est toujours aussi vivante et ardente.
Comme il faut demeurer vigilant, je crois bien qu’il va accepter que je reprenne ses paroles, notre ami René Lévesque, en cette journée plus que spéciale pour moi : « Si je vous ai bien compris vous êtes en train de me dire : À la prochaine fois. »
J’y serai!
Merci à tous.
Soyez assurés de mon entière collaboration!»